Encore une victoire 5-1 du HBFC : cette fois, la DGCCRF mène l’enquête !
Comme chaque matin, Jean-Claude Legonidec prend son service à 8h15 précises en les locaux de la DGCCRF de Bobigny sur Oise. Le sourire aux lèvres, débordant d’énergie, et malgré la tonne de dossiers qui l’attend cette semaine, Jean-Claude prend quand même le temps d’aller saluer Martine rapidement, la comptable du 2ème. Vers 10h20, il peut enfin monter à son bureau et se mettre à la tâche. Lorsque Bébert débarque dans son bureau pour lui raconter son match du samedi, c’est totalement par hasard qu’ils échouent sur la page internet de la FFF, rubrique « Championnat Criterium du samedi après-midi ». « Mon doigt a ripé », expliquera plus tard Bébert. Hasard ou coïncidence, toujours est-il que vers midi 30, Bébert et Jean-Claude se retrouvent nez à nez avec cette nouvelle stupéfiante : le HBFC vient de gagner son match 5-1 contre Tropical, après avoir remporté un autre match sur le même score 3 semaines auparavant. « Victoire 5-1, 5-1… 5-1… 51 ! Pastis 51 ! Bonsoir mais c’est bien sûr ! », s’écrie soudain Jean-Claude. Le regard plein de malice, Jean-Claude, en grand habitué des fraudes et en grand professionnel des publicités dissimulées, vient de déceler « un sacré gibier », comme on dit dans le jargon. Car il ne faut pas avoir l’esprit mal tourné pour se rendre compte qu’en gagnant chaque match 5-1, on fait l’apologie du pastis 51 en installant de façon subliminale la marque 51 dans l’esprit des consommateurs. Autrement dit, une incitation claire et nette à consommer de l’alcool, qui plus est dans une enceinte sportive peuplée d’enfants et d’animaux en tout genre. Après en avoir averti sa direction et après avoir offert un café à Martine, Jean-Claude décide de mener l’enquête.
Constatant qu’aucun 3615 HBFC ne donne quelque chose, Jean-Claude décide d’utiliser Google. Ses recherches permettent de découvrir un pastis nommé pastis HB (Henri Bardouin), soient les mêmes initiales qu’Hélène Boucher… étrange coïncidence pour une équipe qui a un penchant pour le 51 ! Puis Jean-Claude tombe sur un forum, qui a tout l’air d’être le lieu de rendez-vous des joueurs du club. C’est sur ce forum que Jean-Claude fera la connaissance d’un dénommé Flo de Paris Nord, victime présumée des joueurs du H dont le témoignage sera accablant. En effet, Flo de Paris Nord est un « honnête homme qui paye ses impôts et qui aime se balader au parc du Tremblay en bon citoyen qu’il est ». C’est là qu’il a assisté à la terrible scène ayant conduit à ce fameux score de 5-1. Selon les dires rapportés à Jean-Claude, il semblerait que le match ait eu lieu avec 1 heure de retard. Pour Flo de Paris Nord, il n’y a aucun doute : ce retard permettait aux joueurs du H de finir l’apéro tranquille avant leur match. Une fois les derniers gobelets avalés, il semblerait que les joueurs du H, très éméchés, se soient rendus sur le terrain en titubant. Dadou ayant la plus grande peine à ouvrir les yeux, il aurait demandé à changer de terrain afin que le soleil n’altère pas encore plus sa vision. L’arbitre aurait donné le coup d’envoi, et les joueurs du H se seraient tous lancés à l’assaut du ballon. Flo de Paris Nord aurait entendu Polo dire plusieurs fois à Arthur : « Hey Arthur ! Tu me sers un ballon steu plait ? », imité bientôt par tout le monde. Des joueurs décidément très portés sur la bouteille ! Peu de temps après, Dadou se serait risqué à une sortie plus qu’hasardeuse, et aurait laissé sa cage vide, permettant à son adversaire d’inscrire un but facile. Mais cet adversaire aurait malgré tout tiré à côté : « quand j’ai vu Dadou tituber et venir à ma rencontre, vu l’odeur d’alcool qu’il dégageait, j’ai tout de suite compris qu’il était bourré. Je pouvais pas marquer ce but, c’était comme tirer sur l’ambulance », se justifiera l’attaquant de Tropical sur ce manqué. Le score en serait donc resté à 0-0. L’attaquant Mathias aurait tenté 2 frappes dévissées : preuve de son alcoolémie, lui qui cadre toujours. Mathias aurait ensuite perdu l’équilibre dans la surface, cherchant un penalty évidemment non sifflé… Puis, Jean-Claude prend connaissance d’un épisode atypique : Guillou serait allé au contact avec le gardien, ce dernier l’aurait violemment percuté, lui aurait même cassé un doigt, et aurait provoqué par-là un penalty justement sifflé par l’arbitre. Mais la version de Flo de Paris Nord est tout autre : Guillou, qui n’avait pas bu de pastis depuis au moins 25 minutes, aurait demandé à Gilles qu’il lui en serve un petit pour la route. Gilles lui aurait demandé la quantité de pastis à verser, et Guillou lui aurait répondu : « Juste un doigt », tout en lui faisant le signe du doigt. C’est ainsi que le gardien aurait malencontreusement heurté ce doigt qui n’avait rien à faire là… Heureusement, justice était faite par Benj qui, lui aussi bourré, aurait raté le penalty, tirant mollement, à mi hauteur, en perdant l’équilibre. Étonnamment, Mathias aurait eu la chance de recevoir un nouveau ballon à l’entrée de surface. Après avoir fait diversion en proposant un pastis au gardien, sorti de ce fait à contre-temps de sa surface, Mathias en aurait profité pour lober tout le monde et inscrire son 1er but. Après ce but, le HBFC aurait perdu son sang-froid : des ballons distribués n’importe où, le jeu devenait catastrophique. A tel point que Polo et Ivara se seraient rendus coupables de gestes d’énervements et d’insultes en tout genre. « Le genre de comportements typique des hommes qui ont trop bu », notera plus tard Jean-Claude. Suite à cela, un corner anodin se serait transformé en égalisation des joueurs locaux : un ballon flottant tiré au 2è poteau, un Dadou trop laxiste et aveuglé encore par le soleil, puis une tête esseulée qui n’a plus qu’à pousser le ballon au fond… ça faisait 1 partout, Ivara et polo auraient donc continué de maugréer des insultes en langue de bourrés, des insultes pas toujours compréhensibles : « vas-y sors-moi ! », « non sors-moi, moi ! », « pas capables d’aligner 2 passes d’affilée », « tu fais chier », « non toi tu fais chier ». Heureusement Malik, en bon musulman de l’équipe qui ne boit pas, aurait été le seul capable de ramener tout le monde à la raison en les obligeant à se taire.
Le score à la mi-temps aurait été de 1-1. Un score pour l’instant anodin.
Mais Jean-Claude décide de continuer son enquête et d’auditionner encore Flo de Paris Nord, car il sait que ça finira par payer. C’est alors que la 2nde mi-temps aurait constitué un coup de massue pour le H. Ayant à nouveau profité de la mi-temps pour boire plein de pastis, le H aurait entamé cette 2nde mi-temps complètement hors de forme, ne voyant même plus le ballon. Le pire étant Benj, qui laissait son adversaire direct le déposer littéralement à chaque fois, avant de le regarder d’un œil éteint aller défier Dadou en face à face. 4 face à face terribles, qui auraient du faire but à chaque fois, mais qui se seraient soldés par des tirs de peu à côté… Benj, titubant, se relevant avec peine, aurait à chaque fois déclaré à ses amis : « c’est bon les mecs, je gère ! », avec l’assurance qu’on lui connaît tous. Sauf que Ludo n’était pas totalement dupe : il aurait décidé de sortir Benj, de replacer Arthur avec Malik pour compenser les problèmes de vitesse de cette charnière, avant de faire rentrer à nouveau Benj en position de numéro 10. Un changement payant puisque, dans les 2 minutes suivantes, après un joli déboulé côté gauche de Momo et Mathias, Benj aurait hérité du ballon en criant « si je marque je te paye ma tournée ! ». Mathias aurait donc finalement laissé le ballon à Benj, qui aurait envoyé un missile sous la barre. Ça aurait fait 2-1, et Mathias aurait hurlé de joie en allant boire le pastis que Benj lui avait promis. Soudain hilares par les effets de l’alcool, les joueurs du H redevenaient les meilleurs amis du monde. Ensemble, ils auraient voulu changer le monde, « un monde qui tourne rond, rond comme un ballon de foot » se mettait à rêver Kevin. Dadou, lui, complètement bourré, aurait déclaré à Momo après une remise de la poitrine : « je t’adore Momo, t’es le fils que j’aurais toujours rêvé d’avoir ». Ivara, lui aussi complètement torché, serait allé voir Polo après une passe réussie pour lui dire « Je t’aime Polo », avant de l’embrasser tendrement et de lui vomir sur l’épaule. Dans la foulée, les joueurs du H, complètement hilares, auraient laissé Mathias s’emparer du ballon. Guillou, le doigt en l’air, lui aurait lancé un « si tu marques je me fous le doigt dans le cul ! », ce à quoi Mathias aurait répondu par un une frappe enroulée dans le petit filet, de l’extérieur de la surface. Ça faisait 3-1, et ça faisait aussi très mal à Guillou qui, beau joueur, se serait même enfoncé 2 doigts dans le rectum pour prouver à Mathias toute son équité et son respect profond des règles. Sur le banc de touche, Flo de Paris Nord aurait noté que les remplaçants n’arrêtaient d’entrer et sortir sur le terrain pour gagner du temps, conserver le score et se servir en pastis plus souvent. Ludo aurait même lancé un « plus que 2 et le compte est bon ! ». Alors les joueurs du H se seraient encore plus lancés à l’assaut. Tropical ayant déclaré forfait, lassés des relents anisés de leurs adversaires, on aurait vu Benj se risquer dans un raid solitaire : après avoir éliminé 2 ou 3 joueurs, profité des appels de Mathias et Momo, il aurait raté le plus facile en frappant à côté. « J’avais le gosier desséché », se serait-il justifié ensuite. Alors Momo aurait repris le flambeau : après avoir lui aussi raté un but facile suite à un raid un peu trop long et épuisant, il se serait repris en inscrivant un but sur un ballon relâché par le gardien, à bout portant, du gauche. Puis, pour parachever ce spectacle affligeant de beuverie, Mathias aurait inscrit le but libérateur : une tête lobée, sur un ballon repoussé hasardeusement par le gardien. Le score était de 5 à 1, les chiffres magiques, CQFD. Sur ce score, Ludo aurait ordonné à ses joueurs de ne plus toucher au ballon. Polo aurait fait semblant d’avoir des crampes, Hugues, Mathieu auraient inventé des problèmes musculaires, tout ça pour que l’on s’en tienne à 51. Et ça aurait marché !
L’arbitre aurait sifflé la fin du match, et c’est là que l’enquête de Jean-Claude prend toute sa dimension. Il monte une filature des joueurs du H le samedi soir et constate qu’ils ont tous rendez-vous à Bagnolet, pour une réunion alcoolisée où le 51 coule à flot. Jean-Claude parvient à démontrer que tout le monde est reparti bourré, notamment Wistit dont on ne comprenait plus les mots dès 21 heures 30. Preuve est faite que la publicité subliminale a porté ses fruits, puisque la consommation de 51 a vu son volume tripler sur la seule date du 18 octobre et sur la seule zone de Galliéni-Bagnolet… Mais l’enquête de la DGCCRF ne s’arrête pas là. Après avoir repris un café avec Martine de la compta, Jean-Claude comprend que le vice du HBFC va plus loin : se sachant pourchassé par la DGCCRF, Nicoprez aurait en effet payé les joueurs de Tropical et l’arbitre dans la nuit du 18 octobre, afin que le score apparaisse en 6-2 et qu’il échappe ainsi à toute suspicion. Mais Jean-Claude est bien décidé à porter ce dernier élément au plus haut point de l’institution républicaine. Il ne se laissera pas flouer et une chose est sûre : le HBFC paiera cher ses boires, mais aussi ses déboires !