Le Roi Arthur
C’était il y a 18 ans déjà, au Lycée Hélène Boucher. Des élèves de Terminale S créaient le HBFC, et dans le même temps, il soufflait sa 4ème bougie. « Il », c’est bien évidemment Arthur. La flamboyante et talentueuse recrue du HBFC figure en effet parmi les plus jeunes joueurs des rouges et noirs. Et quand on lui demande si ça ne l’impressionne pas d’évoluer dans une équipe aussi mûre, Arthur ne se démonte pas : « Même pas peur ! », s’empresse-t-il de répondre. Il faut dire que « Tutur », comme on le surnommait en classe de maternelle moyenne section de Pontivy-sur-Givette, en a parcouru du chemin. Petit « Tutur » est devenu grand ! Désormais, c’est tout seul qu’il prend le chemin de l’entrainement de foot chaque mercredi soir. « En fait, ma mère m’accompagne encore, mais elle me laisse à l’arrêt Marie de Miribel et j’ai le droit de continuer tout seul jusqu’au stade. Mais aujourd’hui, je ne me retourne plus pour lui faire coucou, trop la honte ! », précise Arthur. Des preuves de son passage dans le monde des grands, on en compte par centaines. « L’autre jour, j’ai été invité à la boum de Guillou. J’ai eu le droit de tremper mes lèvres dans leur canette de bière, c’était bizarre, j’avais la tête qui tournait ! », se remémore Tutur les yeux rêveurs. La tête qui tournait, c’est le moins qu’on puisse dire, puisque Tutur avait déserté la fête de Bagnolet avant tout le monde, dans la plus grande confusion, titubant, mettant plus de 2 heures à regagner sa chambre et obligeant sa maman à déclencher l’Alerte Enlèvement. Plus de peur que de mal, comme on dit, mais comme dirait Arthur, « même pas mal ! ». Le plus important dans l’histoire, c’est que de véritables liens aient pu se créer ce soir-là entre Arthur et ses camarades. « Maintenant, j’arrive même à ne pas vouvoyer Gayo et Olivier. C’était pas facile au début, vu qu’ils ont l’âge de mon père, mais ça y est ! », se félicite Arthur, avant de poursuivre les yeux remplis de bonheur : « et pour faire le déplacement à Ormoy, Marco m’a aussi laisser monter devant, trop la chance ! ». De la chance, on peut dire que Tutur en a eu. D’abord la chance de pouvoir quitter sa province natale pour monter à la capitale. Ensuite la chance de croiser sur sa route un nouveau copain, Ludo, qui lui présente une équipe de foot sympa. Et enfin la chance que son intégration se déroule aussi vite et aussi bien, grâce notamment au bon travail d’encadrement des coachs, ce que s’empresse de confirmer Arthur : « le prof principal du club est super cool, il s’appelle Monsieur Polo mais on a le droit de l’appeler Polo. ». Quant à son 2ème coach, Ludo, il lui a même proposé de venir à sa soirée de mariage samedi dernier, à Boulogne. « ça faisait 2 boums en même pas 3 semaines, au début ma mère ne voulait pas que je vienne… », regrette Tutur la moue boudeuse, « mais j’ai menti, j’ai dit que je devais réviser quelques 4-3-3 et quelques jongles chez un copain, alors j’ai eu la permission de minuit », poursuit-il plein d’espièglerie. Et il faut dire qu’Arthur l’a bien mérité, car il n’est pas rentré trop tard, n’a trempé ses lèvres que dans très peu de bières, et a pris un taxi pour rentrer, encadré de 3 adultes (+ le conducteur du taxi). Mais au-delà de cette sagesse précoce, Arthur brille également par un talent et une assurance étonnants pour son âge. « Quand ils me voient dans l’équipe, les adversaires me demandent souvent si j’ai sauté une classe, mais en fait non, c’est juste les joueurs du HBFC qui ont beaucoup redoublé », tente de se justifier Arthur quant à ce décalage de l’âge. Du coup, Arthur met les bouchées doubles quand il s’agit de montrer aux autres que ce n’est plus un bébé cadum. Cela donne alors lieu à un jeu très musclé et très viril de la part du jeune prodige, qui n’hésite jamais à mettre la tête là où d’autres ne mettraient pas le pied, comme dirait Thierry Roland… quitte à ce qu’avec les adversaires il ne passe pas ses vacances ensemble, comme dirait Jean-Michel Larqué. « Une fois, en match amical, tellement je me suis engagé à fond, un gardien m’a fait bobo à la cheville, mais je m’en fiche ! C’est un méchant ! », s’emporte violemment Arthur, faisant référence à une charge très appuyée d’un gardien qui le privera du rectangle vert 3 longues semaines. Même réaction quand il se fait insulter sur le terrain, Tutur ne perd pas la face : « Souvent, les adversaires me disent des gros mots. Au début, je me bouchais les oreilles pour éviter d’entendre des trucs aussi pas beaux. Mais finalement, c’est trop dur de jouer au foot avec les doigts dans les trous d’oreille. Alors du coup, quand ça se reproduit, je leur réponds ‘’Toi-même !’’ ». Rappelons au passage l’extrême fair-play d’Arthur puisqu’il pourrait, dans pareilles situations, aller se plaindre auprès du corps arbitral mais il préfère s’abstenir car, dit-il, « ce n’est pas beau de rapporter… ».
Ce qui épanouit aussi beaucoup notre jeune Tutur, c’est qu’au HBFC, on le met face à ses responsabilités : malgré son jeune âge, on n’hésite pas à lui confier les clefs de la défense et à devenir la plaque tournante de l’arrière-garde rouge et noire. Tutur est traité de la même façon que tous les anciens de la maison Bouchiste, et cela a le don de lui faire plaisir. « J’ai le droit de tout faire au HBFC : jouer 6, jouer 4, attaquer, tirer les 6 mètres, frapper de loin, faire plein de dribbles… Une fois, on m’a même laissé aller dans le mur sur un coup-franc adverse. C’est super méga top de pouvoir faire le mur sans se faire gronder après… » s’enthousiasme-t-il. Cette connivence, Tutur la savoure à chaque instant, avec le plus grand nombre. « Dans l’équipe, je m’entends bien avec tous les joueurs… tous sans exception… et surtout avec leurs gosses car on a à peu près le même âge, LOL ! » aime s’amuser Arthur, avant de préciser plus sérieusement : « Mais il y en a un dont je suis totalement fan, c’est Yannick. Quand j’étais petit, j’avais un poster de lui au-dessus de mon lit. C’est mon idole, personne ne réalise des grigris inutiles et dangereux en défense aussi bien que lui. A chaque fois, je crois qu’on va se prendre un but gag, il est trop fort ! ». Il faut dire que Yannick est passé maitre dans l’art de tenter le geste de trop, le crochet inutile, le petit pont superflu, le coup du sombrero insensé en position de dernier défenseur. « A l’entrainement, je travaille dur pour essayer d’être aussi bon que lui. Et ça paye, car à Ormoy, on a failli se prendre 3 buts gags grâce à moi… Yannick n’aurait pas fait mieux ! » se réjouit Tutur. Mais Arthur vise haut et tente d’aller encore plus loin que son idole Yannick. Nul doute que l’élève dépassera bientôt le maitre : « un jour, j’ai quitté mon poste de défenseur central sans demander la permission. J’ai fugué en attaque au moins 10 minutes, du coup notre défense était méga en galère et ça, même Yannick ne sait pas le faire. Ludo m’a beaucoup grondé, mais qu’est-ce que c’était rigolo ! », se souvient Tutur les yeux pleins de malice.
Des progrès comme ceux-là, Arthur comptait bien les démontrer sur le terrain samedi dernier, pour le match de Coupe des rouges et noirs… et ses intentions ont failli très vite être récompensées, puisqu’une transversale extérieure du droit se transformait en passe décisive pour l’attaquant, à 2 doigts d’ouvrir le score en début de match. « Sur le coup, l’action était anodine. J’avais le ballon, pas de pressing, alors plutôt que de tenter une passe facile sur Nicoprez, j’ai eu l’idée de tenter une transversale compliquée sur Ivara, à l’autre bout du terrain », se remémore Tutur, avant de poursuivre : « et là j’ai pensé à mon idole, Yannick ! Je ne pouvais pas le décevoir, alors j’ai tenté de faire aussi bien que lui : pour créer le danger, j’ai mis l’extérieur là où tout le monde aurait assuré avec le plat du pied… j’ai aussi fait attention à ne pas frapper trop fort, et à ras de terre, pour que ce soit intercepté plus facilement… du coup, danger immédiat : l’attaquant adverse n’avait plus qu’à contrôler, avancer seul vers la cage puis tirer… ». Malheureusement pour Arthur, cette passe presque parfaite ne donnait qu’une chaude alerte et aucun but gag, avec un Dadou battu mais une frappe juste à côté des cages. Le match continuait donc dans les meilleures conditions : un Arthur associé à Nicoprez dans l’axe, une charnière expérimentale bien décidée à tout bloquer, à l’exception de quelques coups d’éclats bien sûr. A leurs côtés, Ivara et Cris très propres, très concentrés, très volontaires. Un Cris qui aura probablement réalisé l’une de ses meilleures prestations en rouge et noir. Fini les Cris boudeurs, qui cirent le banc en ronchonnant, puis qui entrent en trottinant et rechignent à défendre. Ce match était l’occasion parfaite pour prouver à ceux qui en doutaient que Cris était bien plus qu’un joker de luxe à son poste : des courses toujours gagnantes, des crochets souvent utiles et efficaces, des passes propres, des centres appliquées, et surtout une application certaine dans le replacement défensif. Sur son côté droit, Ivara avait un peu moins de chance que Cris, puisqu’au lieu du jeune Kevin pour l’épauler, il disposait du vieux Gayo… Toujours est-il que quel que soit le côté choisi, le HBFC arrivait à placer de belles attaques. Ou plutôt de belles contre-attaques, car au-delà de la chaude alerte venue de la passe ratée d’Arthur, il fallait aussi écarter le danger sur les coups de pied arrêtés adverses. D’abord un corner côté droit, sur un attaquant étonnamment seul et qui plaçait sa tête au-dessus (mais si c’est dedans c’est pareil, comme dirait Michael). Puis sur un coup-franc du même côté, tiré fort et à ras de terre, et dont une petite déviation maline faillit tromper la vigilance de Dadou (si c’est dedans c’est ballot). Puis venait l’heure des contres et des offensives répétées. Le premier à s’illustrer était bien sûr Mathias. On le voyait dans tous les bons coups. Une passe en profondeur (car avec lui, on peut enfin jouer en profondeur), signalée à tort hors jeu mais déjugée par l’arbitre central, se transformait en face à face avec le gardien. Un face à face que tout le monde voyait gagnant, puisque Mathias arrivait à effacer ce gardien sur sa droite avec facilité. Mais au lieu de corriger la trajectoire du ballon excentré en le frappant dans le but vide, Mathias préférait attendre le retour des 2 défenseurs, les dribbler, ne plus avoir d’angle pour frapper, remettre en retrait pour Benj, dont la frappe au ras du poteau était finalement écartée en 2 temps par le défenseur puis le gardien revenu à la hâte. Une action magnifique, donc, mais non productive. Qu’à cela ne tienne, la maison Bouchiste reviendrait à la charge. Il fallait d’abord éviter le danger, sur un tir puissant que Dadou écartait après une planche horizontale parfaite : un ballon revenu dans l’axe et sur lequel les rouges et noirs mettaient trop de temps à monter, laissant le temps aux visiteurs de frapper fort. Il fallait aussi laisser Dadou boxer un ballon frappé fort et flottant, sur un coup-franc idéalement placé à l’entrée de surface. C’est dans la foulée que l’on voyait s’abattre des rafales rouges et noires, toujours contenues par un gardien en état de grâce. D’abord de belles passes et un décalage sur Benj côté droit, dont le centre fort offrait une reprise de volée impeccable à Mathias, à bout portant, mais bien stoppée. Puis de belles montées de Polo, souvent en une-deux ou en une-deux-trois avec son milieu, dont les redoublements de passes avaient le don de donner le tournis aux adversaires. Cela s’achevait par des finitions souvent moyennes, et peu chères payées au vu des efforts et de la qualité de passe employés. Mais le but rouge et noir arrivait enfin, après que l’arbitre central a déjugé une nouvelle fois son juge de touche et lui a fait la leçon quant à cette façon malhonnête et systématique de lever le drapeau. Le but, donc, venait d’un ballon récupéré par Benj, dans le rond central. Un ballon très vite transmis au quatuor Cris-Kevin-Polo-Mathias, un ballon qui donnait encore une fois le tournis aux défenseurs adverses : après un passage côté gauche, ce ballon revenait à l’entrée de la surface, avant d’être redonné dans le dos des défenseurs à Mathias, laissant tout le monde sur place et s’offrant un nouveau face à face avec le gardien. Mais cette fois, Mathias décidait d’assurer le coup en offrant un caviar à Gayo, esseulé au 2nd poteau. Malgré le retour d’un gardien décidément en forme, les visiteurs ne pouvaient que constater les dégâts : un 1er but rouge et noir après une belle animation offensive, dont on pensait à ce moment-là qu’il ne serait que le premier d’une longue série de buts. Car ce type d’actions se suivaient et se ressemblaient. La plus décevante sera sûrement celle de Benj : encore un beau jeu de passe côté gauche, qui se transformait par un décalage sur Mathias, qui remisait proprement au point de penalty sur Benj, presque seul face aux cages et avec Gayo totalement seul sur sa droite. Mais Benj choisissait de frapper… une frappe ratée, au-dessus, qui donnait beaucoup de regrets à tout le monde. Marco rentrait en attaque pour la fin de 1ère mi-temps, un Marco encore froid et pas vraiment dedans, preuve qu’il faut impérativement rester chaud sur le banc et se tenir prêt à rentrer à tout moment, afin de ne pas pénaliser l’équipe et de laisser le groupe avec le même influx. Guillaume rentrait quant à lui devant Ivara, et apportait les qualités qu’on lui connaît : vitesse, qualité de passe, qualité de frappe, justesse du jeu. « Le problème avec Guillaume », dira plus tard Tutur, « c’est que tout ce qu’il fait est propre : aucune fioriture, aucun grigri, et ça c’est dommage ! Même pas un petit coup du foulard pour faire une passe à Dadou en position de dernier défenseur, rien ! ». Certes. Mais malgré tout cela, le score restait bloqué à 1-0, et c’était plutôt rageant au vu d’une 1ère mi-temps maitrisée par le HBFC, mais aussi au vu d’adversaires capables de marquer sur un coup d’éclat ponctuel.
La mi-temps était l’occasion pour les Bouchistes de souffler un peu, bien sûr, mais aussi et surtout de découvrir une chose surprenante : après l’effort, on a soif ! Incroyable et pourtant chez tous les joueurs le même constat : courir donne soif… Un constat alarmant, puisque personne, comme d’habitude, n’avait pris la peine de prévoir quelques bouteilles d’eau. On s’en remettra donc à 3 bouteilles usagées, récupérées au hasard et remplies au robinet pour l’occasion. Espérons qu’au match prochain, les Bouchistes ne se laisseront pas à nouveau surprendre par cette conséquence redoutable sur les organismes : la déshydratation (il paraitrait que d’autres équipes du championnat soient concernées par ce terrible fléau).
Les copains d’Arthur retrouvaient donc le chemin de la 2nde mi-temps, pour tenter de mettre ce fameux 2ème but. Les rouges et noirs redoublaient d’effort, à l’image de Benj que l’on voyait courir à peu près partout, sans pour autant que cela soit réellement efficace. Une présence quasi totale, une implication indéniable, mais une fâcheuse stérilité. On imaginait mal comment ce 2è but pouvait venir et sur le banc, on commençait sérieusement à s’impatienter. Heureusement, Arthur était là pour nous apporter son lot de spectacle : quelques actions défensives où, comme à chaque fois, il prend facilement le dessus, mais où comme à chaque fois aussi, il tente le grigri de trop. Il faut dire qu’avec ce bon numéro 9 adverse, rapide et technique, le défi était excitant. Malheureusement pour son idole Yannick, mais heureusement pour nous, les excès de confiance de Tutur n’étaient jamais sanctionnés d’un but. En revanche, Dadou devait s’employer de plus en plus pour conserver ce score de plus en plus flatteur. Car au fil du temps, ce sont bien les visiteurs qui prenaient le contrôle de la partie. D’abord par une domination sur les phases arrêtées : beaucoup de coups-francs et corners obtenus, et aussi beaucoup de monde à la réception. Tellement de monde qu’on se demande encore comment certains ballons cafouillés finissaient à côté de nos cages et pas dedans… passons. A noter quand même l’un des coups-francs les plus utiles de l’histoire du HBFC : un tirage de maillot totalement antijeu de la part de Polo, qui permettait d’avorter un contre à 4 contre 2 très mal engagé pour la défense du H. Un carton jaune sur Polo, c’était le minimum, et un score qui ne changeait pas, c’était bien là l’essentiel. Preuve que les Bouchistes n’étaient plus totalement maitres de leur sort, on voyait des choses surprenantes se passer sur le terrain, comme par exemple cette sortie de Benj remplacé par Gayo en position de numéro 10 (original), ou encore ce coaching improvisé sur le banc touche rouge et noir, qui valait à Guillaume de sortir malgré son apport indéniable (pour ne pas dire indispensable) et malgré une absence totale de consignes du coach à ce sujet… en revanche, le coaching nous procurait la joie de revoir Gilou parmi nous. A part une action où Gilou préférait courir 3 heures à côté du ballon sans le toucher plutôt que d’aller le choper, on peut dire que Gilou a fait bonne figure.
Celui dont on ne parle pas beaucoup, qui sait se montrer discret mais que l’on voit partout, c’est Hugues. Présent sur tous les fronts, à la tête, au tacle (sans double fracture), aux passes courtes ou longues, au replacement incessant, Hugues était très à son avantage et constituait un maillon indispensable pour lier une équipe du H en train de se disloquer. Une équipe du H qui se disloquait moralement, se demandant constamment si, à 20 minutes de la fin sans arriver à marquer, il servait à grand-chose d’attaquer, et une équipe du H qui se disloquait physiquement, puisque les espaces devenaient de plus en plus criants dans une équipe sans cesse remaniée. Malgré cela, on parvenait encore à voir quelques offensives… 2 fois par le biais de Polo : d’abord un une-deux avec Gayo qui s’achevait par un centre tendu, que Mathias ne parvenait à redresser correctement dans les cages, puis par un une-deux-trois dont Polo a le secret pour attirer le ballon à soi et qui s’achevait par sa frappe limpide sur le gardien. Une autre occasion s’avérera aussi dangereuse que frustrante : l’Esspert re-rentré pour l’occasion menait balle aux pieds un contre qui ne pouvait que finir au fond… à 4 contre 2, les choses étaient bien embarquées. A droite de l’Esspert, totalement seul, Gayo. Dans l’axe, attirant les 2 derniers défenseurs à lui : Mathias. Et à gauche, libre de tout marquage, Cris arrivant pleine balle ma gueule ! L’Esspert, à qui on ne la fait pas avec ses 25 ans d’expérience en Esspertise, choisissait à juste titre de passer à Cris, pour ce qui s’annonçait comme le tant attendu 2-0… Mais le HBFC redoublant de malchance voyait la passe de l’Esspert se faire contrer par les talons de Mathias, annihilant ainsi toute chance de la voir arriver jusqu’à Cris et toute chance de 2-0. Action avortée aussi bêtement, quel gâchis ! Cette action avortée marquait aussi, probablement, le déclin moral de Mathias, injustement récompensé d’un match où il était pourtant dans tous les bons coups. Peu après cette talonnade malgré lui, Mathias décidait de péter un plomb, contestant çà et là toute décision arbitrale et répondant à toute provocation. Son coup d’éclat restera sans aucun doute ce carton jaune qui aurait mérité rouge : après un accrochage de maillot, Mathias décidait de jouer au kung fu avec les jambes de son adversaire, un jeu qui aurait du plus mal tourner. Toujours est-il que le HBFC se dirigeait tranquillement vers une gestion du score. Les visiteurs comprenant que l’heure n’était plus à défendre mais bien à jeter ses dernières forces dans une bataille où le HBFC n’y était plus, les offensives se multipliaient. Sur le reculoir, le HBFC s’en remettait aux sorties convaincantes de Dadou, aussi bien dans les airs qu’à terre, comme ce déboulé en pleine surface où il venait se jeter de tout son corps dans les pieds adverses, arrachant un peu tout, dont le ballon… on voyait ensuite un ballon revenir de manière incompréhensible dans les pieds d’un attaquant adverse, alors qu’il avait été récupéré 2 secondes auparavant. On voyait aussi, pour clore le festival de Tutur, un penalty provoqué à la 94è minute. Un ballon a priori anodin, en profondeur, surtout quand on connaît les qualités de Tutur. Mais toujours de manière incompréhensible, l’attaquant adverse parvenait à placer son épaule devant celle d’Arthur et s’enfoncer en premier dans notre surface. Tout n’était pas encore cuit, le but était encore loin d’être fait, mais Arthur décidait (pour déconner) d’attraper la jambe de l’attaquant. Inévitablement, l’arbitre désignait le point de penalty, il n’y avait rien à redire là-dessus. « Quand j’ai vu que l’arbitre sifflait penalty, j’ai exulté. Je me suis dit que grâce à moi, on allait pouvoir s’envoyer 30 ou 45 minutes de plus, faire croire à Polo qu’on perdrait le match, et faire croire à Ludo qu’on viendrait pas à sa soirée », se souvient joyeusement Arthur, dédicaçant par là-même son geste malheureux à son idole Yannick. L’histoire ne dira pas si, en cas de séance de tirs aux buts pour départager les 2 équipes, Arthur serait allé jusqu’à rater son penalty volontairement pour pimenter cette séance… L’histoire s’arrêtera au penalty raté de l’attaquant adverse, après que Nicoprez a tenté son coup de pression psychologique « Tu le tires à gauche ton penalty ? Non, je suis sûr que tu le tires à droite, hein ? ». L’histoire finira bien, puisque le ballon frappait la transversale, mourrait en sortie de but, et l’arbitre sifflait la fin du match dans les 2 secondes qui suivaient.
Une belle victoire, donc, car c’était l’objectif premier en dépit de tout le reste. Mais une victoire à méditer malgré tout : beaucoup de suffisance, de maladresse, de déclin psychologique, car avec toutes ces occasions de 2-0, dommage de flipper autant du 1-1.
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