Après avoir bêtement perdu 2 Guerres Mondiales, l’Allemagne allait enfin pouvoir prendre sa revanche, samedi dernier, près d’un siècle plus tard. Mais comme on dit en Bavière : « Ein nich trüp tardoff » (« il n’est jamais trop tard »).
Pour commencer cette victorieuse bataille, le maréchal Putain (Yannick de son prénom) avait réuni ses troupes à 16 heures au stade Louis Licht. Un horaire qu’il s’agissait de respecter sous peine de voir le maréchal se mettre en führer. Mais heureusement, la plupart des soldats arrivèrent à l’heure H haut la main. Les voyant tout sourires, le maréchal leur rappela que ce match avait son importance, qu’il pouvait nous redonner de la confiance, qu’il fallait prendre du plaisir à éradiquer notre adversaire du jour, et donc éviter de rentrer sur le terrain la fleur au fusil. Evidemment, le tirailleur sénégalais Bourama arrivait avec une heure de retard. Pour la peine, le maréchal le plaça en 1ère ligne, juste devant Man Wai (ça lui apprendra). Et quelle joie Kolossal quand nous vîmes arriver le soldat Marvin. Après avoir envahi l’Alsace et la Lorraine, Marvin avait fini par rejoindre Paris, prendre possession des lieux , réquisitionner l’Hôtel Lutecia pour se mettre à l’aise, et s’imposer comme l’homme fort du HBFC, que tout le monde attendait en sauveur en cette période de crise. Le maréchal Putain ne s’était d’ailleurs pas trompé : il s’était rallié à sa cause sur le champ (de bataille) et était prêt à entonner des chants en Allemand s’il le fallait. Dans le vestiaire, le maréchal donna les consignes à ses hommes : prenant Marvin en exemple, il leur lut quelques lignes de son ouvrage « Mon combat », leur rappelant l’importance du travail, de l’amour et de la patrie.
Le match commença avec le Tank sur le banc de touche (Marco, lui aussi d’origine bavaroise). Je l’accompagnais avec ma jambe de bois (blessure de guerre de la 1ère Guerre Mondiale). Tous deux, nous observions avec malice comment notre équipe germanisée allait reprendre le contrôle des opérations. Car en face, une belle équipe Antillaise nous faisait front. Des gaillards solides, qui ne demandaient qu’à être exterminés en 90 minutes. D’ailleurs, les choses commençaient plutôt bien pour nous. Je voyais notre soldat Marvin à 200%. Présent sur tous les ballons en profondeur, généreux, volontaire. Une belle action ponctuée d’une passe dans le bon tempo envoya Marvin fusiller le gardien adverse. Malheureusement, une fois n’est pas coutume, le tir allemand rata sa cible. Ou plutôt s’écrasa mollement sur le gardien, sans créer aucun dégât collatéral. Dommage. Ce n’était que partie nationale socialiste remise. Face à nous, côté gauche, le Tank et moi voyions un bon match de notre arrière gauche Raf dit « la Rafle ». La Rafle n’avait pas attendu le Vel’d’hiv pour réduire tous ses adversaires en poussière. Toujours très volontaire, la Rafle dégageait tout de la tête et, comme à son habitude, compensait son manque de vitesse par une hargne et des courses intelligentes face au porteur du ballon. Mais quelle führer s’empara du Tank et moi lorsque nous vîmes l’eSSpert se fourvoyer dans une naïveté sans nom. Suite à une pseudo douleur de l’attaquant d’en face, suite à un ballon sorti en touche par eux, l’eSSpert se devait de rendre le ballon à l’ennemi. Plutôt que de le donner à la Rafle, qui se serait chargée d’envoyer une mine dans le camp de concentration adverse, l’eSSpert rendit le ballon à l’adversaire juste en face de lui : dans notre terrain, pile face à notre défense désorganisée, en position idéale pour mener l’offensive. Et l’ennemi ne se fit pas prier. Il leva la tête, s’aperçut sur le champ que notre flanc droit était quelque peu déserté, et envoya une transversale de ce côté-là. A la réception du ballon, les attaquants adverses contrôlèrent, combinèrent 1 ou 2 passes, avant que l’attaquant n’envoie un ballon puissant dans le soupirail, au ras du poteau. Malgré une bonne détente de Man Wai qui effleurait le ballon, nous ne pouvions que constater les dégâts : 1 mort à zéro.
C’est ce moment que choisit le soldat Mathias pour faire un débarquement sur le bord du terrain, avec quelques bières en munitions. Avec le Tank, lui et moi, on était persuadés que les choses s’inverseraient, tant nos hommes se battaient bien. Un Alex beaucoup trop tendre, suite certainement à une vilaine gastro qu’il avait endurée toute la semaine. Mais à part cela, de vrais guerriers, à commencer par notre tirailleur sénégalais, qui arrachait tout sur son passage. Et que dire de Polo et Tibo ? 2 exemples pour la patrie ! 2 héros prêts à mourir pour récupérer un ballon en tacle glissé. Cette impression de supériorité humaine se concrétisa juste après, grâce à notre soldat Marvin. Tout d’abord, sur un ballon beaucoup trop long, il fit parler sa vitesse pour arriver au contact du ballon et du gardien. Il ne put récupérer le ballon, mais il tapa les côtes du gardien sans faire de faute kolossal. Le gardien dut sortir, ce fut le 1er chapitre de son plan diabolique. Le 2nd chapitre arriva juste après. Bien décalé côté droit, Marvin arriva le 1er sur le ballon, pour un face à face intéressant. Le 2nd gardien, très adroit malgré tout, sortit à sa rencontre, mais dut s’incliner sur la frappe à ras de terre de Marvin. Ça faisait 1 mort partout. La bataille avait meilleure allure. Alors que nous reprenions comme prévu le contrôle des opérations militaires, nous nous fîmes surprendre par une action d’école. Un ballon transmis en mode Playstation, tout en une touche de balle, du milieu de terrain jusqu’à notre surface, avec des passes fortes et de bons contrôles, avant qu’un attaquant ne vienne fusiller Man Wai en pleine lucarne. RIP Man Wai. Ça faisait 2 morts à 1, et c’était implacable.
Pour se rassurer, le Tank et moi nous disions qu’au moins, pour une fois, on perdait grâce à 2 vrais buts, 2 superbes buts, sans boulette de notre part (à part la naïveté de l’eSSpert sur le 1er). Mais que n’avions-nous pas dit ??? 2 minutes plus tard, alors que Man Wai (ressuscité pour l’occasion) était trop avancé, un adversaire envoya une vulgaire frappe lobée, vaguement dangereuse, juste entre les bras de Man Wai. Ce dernier recula, agita ses bras mais laissa filer le ballon… dans les filets ! ça faisait 3 morts à 1, cette fois c’était une autre paire de Manchaft. Le but du chaos ? En tout cas, vu les têtes minées de nos soldats, ça en avait tout l’air. Et ce n’est pas la rage de nos milieux ni nos belles actions manquées qui allaient inverser la tendance. L’arbitre siffla l’armistice, Le maréchal Putain rameuta ses troupes dans les vestiaires pour les invectiver comme il faut. Avec le Tank, nous nous échauffions tant bien que mal avant le retour de nos hommes.
L’armistice arrivant à son terme, nos soldats drapés de rouge et noir (quelles belles couleurs !) reprirent la bataille la rage au ventre. Et il ne fallut pas attendre longtemps avant que les consignes du Maréchal soient respectées. Il fallut pour cela un exploit de Tibo. Décidément dans tous les bons coups, nous devons quand même admettre que sur ce but, Tibo était encore plus un cran d’arrêt au-dessus du lot. Alors que l’ennemi allait franchir la ligne médiane pour une contre-attaque fulgurante, le soldat Tibo se chargea de tout stopper : d’un tacle glissé parfaitement maitrisé, il récupéra le ballon, qu’il parvint à conserver. Il se releva et poursuivit son action. Il s’appuya sur son allier Marvin, qui lui remit le ballon en une touche de balle. S’ensuivit un tour de passe-passe incroyable entre Tibo et ses adversaires directs : un, puis deux, puis 3 ou 4 défenseurs eurent le tournis à force de vouloir récupérer la balle. Mais Tibo les humilia, les dribblant, les envoyant au point de corner, revenant sur ses pas, feintant de centrer pour refaire un dribble avant que… soudain… alors que tout le monde était obnubilé par lui, il finit par envoyer un centre aérien au point de penalty. Ludo laissé libre de tout marquage, eut le temps d’armer : le corps bien à l’équerre, il envoya alors une reprise de volée fulgurante, sublime, dans le petit filet. Ça faisait 3 morts à 2 en faveur de l’ennemi, on pouvait respirer, d’autant qu’il restait 40 minutes. On eut tout de même quelques belles frayeurs, provenant comme souvent du Maréchal en personne. Voulant faire un peu de zèle, ses prises de risques faillirent une fois ou 2 par nous voir sanctionnés. C’est ainsi qu’un attaquant rapide parvint dans notre surface, lancé à toute vitesse, pour défier Man Wai. Il le crocheta vers l’extérieur, et man Wai évita de faire faute. Il dribbla aussi le dernier défenseur revenu à sa hauteur, mais bizarrement, n’envoya pas le ballon dans le but vide. Excentré, il chercha à se mettre en meilleure position. Une erreur qui lui sera fatale, car notre tirailleur sénégalais se rua sur lui et envoya le ballon dans le décor (une frappe d’artillerie lourde très salvatrice). On en restait à 3-2, et ce fut sûrement un tournant dans cette bataille, car un nouveau break nous aurait fait très mal. Au lieu, nous repartions à l’assaut (sans Sexion, mais à l’assaut quand même). Sur une nouvelle faute pas très catholique, nous obtenions un coup-franc lointain. Un coup-franc joué rapidement, trop rapidement, car il ne donna rien. Mais l’arbitre eut la bonne idée de redonner ce coup-franc à jouer, car le ballon n’était pas arrêté au départ. Quelle belle idée. Nous rejouions alors avec plaisir ce coup-franc. Bien tiré, il arriva parfaitement au 2è poteau, sur le Maréchal. Mais le Maréchal (l’esprit sûrement encore à Vichy) se troua littéralement : sa reprise fouetta l’air, le ballon lui passa entre les jambes. Mais encore une fois, le soldat Tibo, héroïque ce jour-là (une statue sera érigée en son honneur Boulevard Mortier) était monté aux avant-postes. Il récupéra la bourde du Maréchal, et envoya le ballon au fond des filets. Cela faisait 3 morts partout, tous nos hommes exultaient. C’est le moment que choisit Alex pour abandonner ses kamarades, décidément trop affaibli par sa gastro. Il comprenait qu’il ne servait aryen de rester plus longtemps sur le terrain. Le Tank put alors rentrer. Hi ! Je sentais qu’il allait faire mal à l’ennemi, et tant mieux ! Il vécut cependant un temps d’adaptation assez long (normal, un Tank ça met du temps à chauffer). Souvent hors-jeu, souvent râleur, le Tank n’était pas dans tous les bons coups. Je le vis même tomber au sol sur une charge du gros défenseur. Il se releva comme un bon Tank prêt à charger. Derrière, je sentais que ça pouvait péter d’un côté comme de l’autre. Une tête du tirailleur sénégalais, sur corner, aurait pu nous donner l’avantage. Mais à 5 minutes de la fin, le soldat Polo demanda à souffler. Le soldat Alex, qui ne servait plus aryen dans ce match, me demanda de rentrer à sa place. Malgré ma jambe de bois de la 1ère guerre mondiale, je rentrais clopin-clopant, mais sans cloper. Je sentais que ça tirait, je sentais que je ne servais pas à grand-chose (je ne dirais pas aryen car j’ai déjà fait la blague 2 fois, à un moment donné il faut savoir dire nein !). J’eus le temps de voir Marvin partir plusieurs fois au but adverse, avant d’être sifflé scandaleusement et injustement hors-jeu. Je vis aussi les premières erreurs de Ludo, signe que le match commençait à fatiguer tous les organismes. Et sur un ultime corner, à la 90è, un ballon à la trajectoire bizarre, renvoyé par la barre, extermina nos chances : repris par l’attaquant adverse, le score passait désormais à 4 morts à 3. L’ennemi exulta : le temps qu’il passait à se congratuler chaleureusement était autant de chances pour nous de triompher qui s’envolaient… Nous redonnions le coup d’envoi. Avant cela, le soldat Polo me fit signe de me tenir prêt. Puis il se ravisa, se rappelant que je n’étais pas Yann… Alors le ballon circula un peu dans notre zone, sans trop de conviction puisque nous disputions les arrêts de jeu. Mais soudain, Ludo reçut le ballon à la ligne médiane. Libre côté gauche, je réclamais une passe, que j’obtins. Une passe très en profondeur, trop en profondeur pour moi. Mais bien freinée par la pelouse synthétique et en tirant un peu sur le cuissot quitte à ce qu’il cède, j’arrivais en même temps que le gardien sur le ballon. Je pus conserver la balle malgré l’opposition du pied du gardien. Je savais alors que la cage était vide mais je ne pouvais éliminer le portier tout seul (ni le jus, ni le talent, ni le coup de rein, ni la cuisse pour… ça faisait beaucoup). C’est à ce moment qu’une lueur d’espoir jaillit derrière moi, à l’entrée de la surface : un soldat tout de rouge et noir vêtu pointait le bout de sa gâchette. Je sus plus tard qu’il s’agissait encore du soldat Tibo (une 2è statue sera érigée en son honneur, Place des Invalides). Ce dernier contrôla la balle avant d’envoyer un sublime tir lobé, sous la barre. Malheureusement, l’intérieur de la barre fit rebondir la balle juste devant la ligne, sans que ça rentre. Par chance, la collaboration de Marvin fut encore d’un précieux secours : il aariva plus prompt que tout le monde et poussa la balle au fond. 4 morts partout, décidément cette 3è guerre mondiale prenait une fière allure. L’arbitre siffla un nouvel armistice sur ce score.
Dans les prolongations, ce fut très simple : malgré l’absence de fours aux abords du stade, tous nos soldats étaient cuits. Et quand ce n’était pas le cas, le chef de gare adverse levait son drapeau systématiquement, y compris quand l’eSSpert partait de son propre terrain. Il fallait donc s’en remettre aux coups de pieds arrêtés. Là-dessus, le Tank est très fort. Un ballon tiré fort, au-dessus du gardien, ne put qu’être détourné encore une fois sur l’intérieur de la barre transversale. Le ballon rebondit encore devant la ligne, le pied d’un défenseur se leva pour écarter le danger, mais le Tank arriva et défonça tout sur son passage. D’une tête rageuse, il envoya le cuir et tout son corps dans les filets. Ce but ne pouvait pas lui échapper. Cela faisait 5 morts à 4, et cette fois c’était plié. On eut à nouveau une frayeur ou 2 suite à une prise de risque inutile de notre Maréchal, mais cette fois à cause de la fatigue, et non d’un excès de zèle. La 2è mi-temps sera anecdotique : nous déjouions plus que nos jouions. Le Tank contestait des hors-jeu pourtant flagrants, j’obtenais un jaune volontairement pour gagner du temps, bref, nous attendions la solution finale : un ultime coup de sifflet de l’arbitre pour mettre un terme à cette bataille. Cela finit par arriver, et nous fumes en droit d’exulter.
Dans les vestiaires, le soldat Marvin, déterminant, lança le cri de guerre, en allemand bien entendu. L’ambiance était à son comble. Il fut suivi par tous ses collaborateurs, qui ensuite chantèrent un « Atchic atchic atchic ! Heil Heil Heil ! » des plus émouvants. La fin de soirée fut à la hauteur de l’événement : quelques bières bavaroises, une soirée d’anniv de l’eSSpert, et quelques kolossal rigolad en pensant à nos ennemis du jour qui devaient s’en vouloir d’avoir ainsi été réduits en cendres.
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